Jungle Trip au pays des matieres premieres.
Par Alex le mercredi 13 août 2008, 11:49 - Road trip - Lien permanent
6-9 aout : Kalimantan (sur l'iiiiiille de Boooorneoooooo)
Cause calendrier retarde, on n a que 3 jours a passer dans la region de Kalimantan (l'ile de Borneo). Petit vol interieur depuis Yogyakarta jusque Banjarmasin, ou enchaine la correspondance en bemo (minibus) jusque Kandangan. 4h dans cette mini fourgonnette, emmeles dans le traffic de la seule vraie route de cette partie de l ile. Les locaux et les touristes ne voyagent pas tant que ca, mais la congestion est provoquee par des dizaines (centaines, meme) de gros camions de chantier jaunes. Il nous faudra une heure de baragouinage indonesien pour finir par comprendre que ce defile intrigant et incessant n est autre que l extraction continue des mines de charbon de l ile, afin d exporter le fameux caillou noir aux 4 coins du monde. On apprendra ensuite que dans une moindre mesure, d autres matieres premieres (bois, caoutchouc, cannelle) viennent completer le mix d exportation. A 17h "en bout de ligne" il est alors bien trop tard pour trouver un pick up qui nous amenerait jusqu a Loksado, notre "trekking base". Apres quelques discussions au terminal de minibus, on rejoint finalement notre vilage en 1h d'ojek (sorte de mobs a 4 vitesses), chacun derriere un chauffeur particulier. Ennivrant. Mais on ne recommencera pas une viree aussi longue, c est epuisant ! La baisse du tourisme a frappe tout le pays, et Loksado n est pas epargne. Il ne reste plus de "petites auberges" et seulement un hotel, qui est heureux de nous proposer mopolistiquement une chambre. Un seul warung (petite gargote locale) pour diner, avec du poulet froid vu l heure (mais super bon!). On commence une discussion avec Amat, guide local, avec qui on convient d un itineraire de trek dans la jungle pour les deux jours (ou presque) a venir. On tope le prix sur un coin de banc sous la lune (tout ceci est d une simplicite deconcertante) et rendez vous demain matin 7h30 ventre plein. Apres une pas si longue nuit, c est parti pour l aventure. On enchainera 7h de marche entrecoupee d une pause dejeuner d une heure, principalement en montee, en alternant sentiers, ponts suspendus, hautes herbes et autres forets denses ou Amat use abondamment de sa machette, rafraichissement dans les rivieres (la transpiration nous rend litteralement trempes a ce taux d humidite et la temperature ambiante ne permet pas un tres bon syste;e de refroidissement). Dej de nouilles frites (mais cuisinees a l eau) dans une feuille de bananier (ces feuilles sont completement multi usages vu leur resistance et leur taille, c est fabuleux ; a vous exploser n importe quel concours cuisine). On entend quelques bruits de moteurs : les tronconneuses defrichent a coeur joie les collines et terrasses alentours pour planter du riz, qui preparera le sol pour les plantations d heveas ou de cannelles, bien plus remuneratrices que la foret primaire (ou secondaire) qui y precedait. Ca fait un drole d effet de voir qu effectivement la deforestation massive n est pas une lubie, que ca existe "en vrai" au dela des reportages teles, que cela ne semble pas vraiment poser de problemes et que rien ne semble etre fait pour controler ce type de pratiques. On traverse la "vraie jungle" en fin de journee, celle qui siffle, qui est a l ombre sur 30m de hauteur, ou les lianes sont horizontales entre les arbres et les fourmis geantes. On entend les gibbons mais on ne les verra pas. Atterrissage a 15h30 dans un village Dayak, chaleureusement accueillis par les quelques familles residentes. Notre rythme a epuise notre guide, et incroyablement surpris nos hotes ! Ce village fonctionne en quasie autarcie, et toutes les familles vivent tres rapprochees autour de la "longhouse" centrale (qui abrite d immenses constructions pour les ceremonies animistes trois fois par an). Les hommes coupent du bois et les femmes font la cuisine et la vaisselle... Un jeune homme aiguise les couteaux de cuisine sur une pierre humide : Manue en profite pour refaire aiguiser son opinel ! Apres le diner, tout le monde se donne rendez vous autour de la tele pour regarder un film asiatique type kung fu, mais en VO indonesienne et tournee probablement en studio. On commence a ecrire nos road book pendant ce temps la, qui finissent par mieux attirer l attention de certains que le petit ecran ; scene amusante et decalee ! Nos hotes sont vraiments tres gentils, et d un commun accord avec Manue, les parents chez qui nous avons dine sont vraiement tres beaux ! La nuit est fraiche, et les coqs se relaient sans peine des 4h du matin. Je me reveille la tete lourde et l estomac barbouille. Je n avale que quelques cuilleres de riz et un the chaud, et nous partons retourner sur Loksado pour y etre avant midi. Je peine a finir les 3h de chemin du retour et m ecroule sur le lit de l hotel a l arrivee. Le paracetamol et le dejeuner m aideront a surmonter l apres midi, que nous passons sur la riviere, dans un "bamboo raft" : embarcation sommaire faite de bamabous tresses par des lianes (donc a fleur d eau), conduite par un batelier. Quelques amusants franchissements de rapides (splash) et nous prenons ensuite chacun notre tour la direction de l embarcation ; on s'en sort (presque) impeccable : la preuve en video au retour ! Fin des aventures du 2e jour, je m ecroule a nouveau avec joie, mais sous paracetamol cette fois. Manue commence a se sentir dans le meme etat, mais avale tout de meme son diner. Nous passons une nuit affreuse, entre poussees de fievre, nausees, insomnies, demi-reves pas tres rassurants... et nous retrouvons au petit matin prets a repartir vers Banjarmasin a 6h30 en pick up + bemo, le coeur nauseeux et la tension affaiblie. On ouvre le guide au chapitre "Sante" histoire de se faire peur et de voir toutes les affreuses maladies tropicales qu on aurait pu choper. Un peu de doutes, mais nous finissons par comprendre en fin de journee que nous sommes simplement affreusement deshydrates suite a nos escapades. Arrives a Banjarmasin, nous visitons du coup un peu la ville et ses canaux, et nous restaurons a l aide de jus de mangues, melons, soupes de crevettes et omelettes pour retrouver progressivement possession de nos moyens. Dans cette ville comme dans les autres, la quantite de dechets qui jonchent les rues, les trottoirs, les canaux, est hallucinante. La prise de conscience environnementale qui aurait du accompagner le developpement de la consommation de masse de produits dans des emballages non biodegradables n a definitivement pas eu lieu. C est vraiment une etape qu il ne faut pas que ce type de pays loupe, sinon cela va vraiment devenir invivable, et surtout irreversible. On s endort plus paisiblement, pour prendre l avion le lendemain matin a 7h pour une convalescence sur ile tropicale sous les cocotiers...
Commentaires
merci Alex ?