Lui, le Grand

Elisa, Gabriel, Manu, Mat, Paul, Sean et les autres. Eventually (double check in the dictionary) Trev.


Heureux qui comme Ulysse... appelée par le large, au point d'en être malade, had to get out of L. *fuckin* A. (dixit Paul), tous ces jours-ci. Partir, pour avancer, avec les gens, avec ce pays; parce que, avancer dans l'espace, c'est aussi avancer dans le temps. Grandir.

territoire: l'espace vécu; reprendre les rênes du paysage. impudeur de connaître les secrets d'oreillers inouis des sentiers les plus battus; ou bien faire soudain siennes les idées les plus communes sur un lieu, et les comprendre entièrement.

La PCH, mythique highway (ou pas) qui n'irait que vers le Nord.
San Diego: the beach culture.

profondeur et artificialité du paysage: euphories des départs, où que ce soit, à condition d'être consentants. ivresse des lignes d'horizons (files de palmiers, lignes blanches, rubans de phares, l'Océan): abandon volontaire, déploiement des ailes dans le vent, main dans la main. Il suffit d'un oui, et parfois d'un numéro et d'une date d'expiration_détail vulgaire.

Grâce à Elisa, un week end avant spring break, donc avant même le pensum des corrections, San Diego m'a dans les veines, ses longues veines aux échangeurs superposés; ville aux douces courbes et aux légers creux, miroitante, contrajourée, juste pas assez pour décevoir ma guide_ce qui aurait le don de ravir la visiteuse, qui trouverait tout déjà beau_ pour nous doucement ensoleillée, sensualité devinée, au seuil du presqu'été, au long de sa presqu'île.

Grâce à ma solitude d'un jour trop beau, celui du premier jour des vacances, vendredi!, un triangle s'apprivoise, Gabriel, Silver_ ma Pontiac_ et moi-même, avec le prétexte insouciant d'un check-up des plages du Sud de LA; volonté de retrouver la *beach culture*, les terrasses ensoleillées de SD. Mes 4 roues gauches dessinent une route plus longue que celle qu'une carte, faible de ses 2 dimensions, peinerait à dessiner: à la trame d'un itinéraire linéaire vers le proche Sud, s'entremêleraient les fils de mes légendaires indécisions, de mes non moins légendaires incompréhensions du monde tel qu'il existe vraiment_ mon You, le pays imaginaire nous retient à hauteur de nuages sans pour autant donner un clair recul à la demie aveugle que je suis..._, de mon désir de faire briller les yeux de mon compagnon de route (la mer, la vaste mer, SA mer) parce que c'est par ce retour, en retrouvant soi-même en l'autre que l'on sait que l'on existe, et des temps à venir, de tous les mondes possibles où à tout moment nous pourrions head on Malibu, Venice, au lieu de Manhattan, et la terre se remet à tourner, that is, retrouve ses _au moins_ 4 dimensions!
d'ailleurs au moment même où le soleil se couche, nous trouvons une table sur la terrasse, au sommet d'un pub irlandais avec vue sur la mer, et la nuit tombe, et c'est presque le canal, et je parle Américain à un écrivain chilien à qui je donne ses premiers euros, parfaitement découverts dans ma poche ce jour là; et qui me fait gouter le café le moins dégueu des USA, le Latte. Tous deux évidemment fatigués de ne nous faire plaisir qu'à nous-même, plaisir tout à fait stérile comme chacun sait (honni soit qui mal y pense), nous nous précipitons instinctivement dans le don mutuel (même remarqueet ce, jusqu'à la fin). C'est ainsi que sur le chemin du retour, je me décide à livrer aux griffes de Mulholland Dr. trois "vierges": Silver_du moins sous ce nom, mythique du western américain, monture du Lone Ranger_, moi-même, qui n'y ai jamais conduit, et surtout pas dans ce sens, et surtout l'ange Gabriel, fou de cinéma, et qui n'y a pas encore mis les roues. La carte au Trésor tient ses promesses et scintille dans les yeux de l'Ange, et le décor prend corps lorsque l'essence s'évapore_ce qu'on ne saura qu'arrivés en bas_Silver refuse de quitter l'escalier qui mène au ciel, du moins pas entre mes mains. Me voici l'estomac noué, plus vivante, plus pétrifiée que jamais, mais pas seule (le coup de la panne, dites vous? que nenni). Le redépart nous donne une allure claudiquante, hésitante, prudente (qui marche en ondulant le long des dalles) de pochards, un peu penauds, ce qui rend d'autant plus vive l'apparition dans une attente tendue et priée et silencieuse des fantomatiques silhouettes grises de papiers et de lumières: Downtown L.A., le coffre de pirates, et le signe de la descente, du sauvetage.
sauvetage poussif, à l'angle de Cahuenga et de Hollywood; sell it before it's too late; start energized, stay energized, disent les pancartes du Grand Canyon (j'anticipe): Silver est rechargée à bloc, jusqu'à quand? la jauge est cassée, et moi oublieuse. Gabriel l'aimé des Dieux, le chanceux, me fait décider à braver la chance et à prolonger la nuit (même remarque): une place non payante à deux pas du Chinese et du Kodak Theater, sur les pas des étoiles (Orion n'a pas oublié de briller) et des toiles. brillantes. Il est l'heure de se rentrer, revigorés, étonnés. ça veut dire ça être vivant? la vie a ça à la carte? du rab!!! Au fait, les amis, ce sont ceux qui reçoivent. Nous avons tous trop à donner.

Spring Break. une dizaine de jours. Il faudrait partir. Je ne le sais pas encore, je ne le soupçonne que confusément, mais l'Amérique_pas seulement la Californie, pas seulement une haute ville enveloppante là bas vers l'Est, attend que je tombe dans ses bras en trébuchant à la sortie d'un train, dans la nuit brune, à l'heure où la neige blanchit la campagne, au lendemain des déserts blanchis par le sable fin et les cieux couverts. le Continent, celui où la même route vous poursuit à travers le train _vous savez, la 66_, celui où les fleuves se creusent un lit spacieux comme un pays, profond comme une mer. Mon 5e Etat, atteint de nuit, par dénuement, en attendant un train improbable à une frontière, damier de rues brodé d'aiguilles désertes_Needles, et du Colorado, le fleuve, ligne de démarcation, oasis. celui où Harry Zona, celui associé jamais au gigantisme d'un arbre qui n'a pas toujours été imaginaire, si j'en crois les limbes de ma mémoire. celui des cactus, aperçus bien plus tard, after hours, dans une heure qui n'existait pas dans un etat qui ne changeait pas d'heure (l'heure de la montagne, paradis maternel, perpétuelle heure d'hiver). Arizona, bien nommé celui du Grand Canyon, là où j'irai. Arizona, dont l'emblème est le soleil, et qui m'a ébloui par sa neige: neige du plateau plat, neiges des ombres, celle qui fraichira le front fiévreux des marcheurs venus des chaudes entrailles de la terre.

partir, donc. Manu part dans quelques jours, n'a pas encore vu le désert. bien maline, je lui promets qu'il peut voir Death Valley en un week end: je ne m'en sortirai pas à si bon compte, et compte bien vite parmi les convives en week end pour un road trip bien normalien; week end qui commence dimanche soir, où finalement on ne va pas à Death Valley mais dans le Mojave, plus au Sud, et à la frontière avec l'Az, où je prends mes billets qui auraient du être de train mais qui sont aller train/retour avion, et ce de et pour des villes différentes à chaque fois (needles, flagstaff, phoenix, LA) une heure avant le départ, où nous prenons une voiture à la loc de l'aéroport après un tour de manège des terminaux de LAX, celui où nous dinons sur des banquettes de moleskine jaune moutarde deux bols de riz et du hashbrown dans un "diner" sino-américain, et où je me retrouve au lit avec deux linguistes (même remarque)à Barstow, unique étape mentionnée dans le routard, pour ses magasins d'usine; une ville de camionneurs, main street = la 66, c'est tout.
OUT OF L.A.:basically, une fois sur les rails de l'I-15, arriver en vue des San Bernardino Mountains, au large virage qui prend ses distances, LA station essence où, souvenez vous?, nous nous arrêtames. Personne n'a pris de CD. Dès le départ les garçons avaient statué, interceptant les ondes venues d'un camion voisin, que la country serait la musique idéale pour la virée. ASAP, nous nous branchons sur la de toute façon seule radio disponible sur la route, dans le désert, sur 3 fréquences différentes, et qui en effet diffuse de la country, la musique qui parle de krispy kreme donuts, de pick up dans les driveways, et d'amours quotidien(ne)s. et de routes, et d'etats, et de lieux (dits. ou pas): musique du pays des énumérations. Où l'on est toujours ici pour ailleurs; les arbres, emblèmatiques, ceux pour lesquels on prend la peine de s'arrêter le regard interrogateur, les premières fois, les Joshua Tree, se contorsionnent comme pour vous indiquer la meilleure façon de "get out of here", à la manière du Chester Cat d'Alice: tous les chemins y mènent: il n'y a d'ailleurs pas de Joshua Tree au bord de la mer: c'est trop quelque part (heureusement qu'on ne peut que se perdre dans LA, on n'y est jamais vraiment quelque part); la PCH est parallèle à la mer, n'y arrive pas. Wilhire s'y glisse. La Palissade, falaise abrupte, empêche la 66, et les autres, d'arriver où que ce soit, je veux dire, à l'Océan. Ne jamais se laisser faire par le sublime du continent, c'est le secret de ce pays. poussière superficielle, ne pas se laisser balayer, et se balayer tout seul au gré de ses propres courants d'air. Et faire accroire qu'être nomade, c'est être comme la puce qui s'empare du gros bétail et le maîtrise.

  • A SUIVRE*

Commentaires

1. Le mardi 5 avril 2005, 20:28 par mom

et bien, comme c'est bon...., .... encore ?

2. Le mardi 12 avril 2005, 20:17 par wam

pour patienter...
photos.corsac.net/san-die...