FIFTY-FIFTY, ça n'arrête plus

Avec l'aimable autorisation de ma surdouée de petite soeur, Claude Cras Alexis, que je ne remercierai jamais assez …

Ainsi donc tu naquis voici cinquante ans. La bonne blague.
Si tu as cinquante ans, ça veut dire que moi… bon, bref, c’est pas le propos …

Tu n’es pas venue au monde avec une cuillère d’argent dans la bouche mais une fée devait tout de même naviguer dans les parages car tu t’arrangeas pour naître le jour anniversaire de ta mère et devenir, dès lors, un cadeau.
Très fort !

Tout commence donc pour toi avec une belle réputation : Cette fille est un cadeau !!

Très très fort !!

A partir de là, tout s’enchaîne : Ruban doré, faut que ça brille, faut que ça brûle, faut que ça marche !!
En avant toute, go, go, go, tout le monde sur le pont, charme et neurones, pas de trainard, on avance, on avance, Lola, range ta chambre …, non, ça, c’est pour plus tard …

Ainsi donc, de réussites en victoires, elle avale sa scolarité et elle avance, blonde entre deux brunes, la classe …

Elle éclaire aux éclaireuses et reçoit, évidemment, le totem de Flamme …

Puis, c’est l’adolescence, période délicate. Elle passe entre les gouttes, agresse les oreilles de son géniteur à coup de « scarabés », de « Floyds roses », de « Qui », de « Oui » et autre Génèses anglo-saxonnes.

Elle a dix-sept ans et fait, comme tout le monde : des conneries.
Ne comptez pas sur moi pour cafter. Faites travailler votre mémoire et votre imagination… et c’est selon les croyances de chacun …
Je citerai juste l’épisode, pénible pour ceux qui l’ont vécu, des cheveux oranges fluo, sans doute une nostalgie inopportune de son ancien totem…
A signaler aussi, que c’est de cette époque que date cette détestable addiction à une manie perverse, j’ai nommé les socquette, portées de préférence, avec des souliers de parachutistes fauchés, d’éboueurs chics et autres godillots improbables.
Je crains que seule une longue et fort côuteuse psychanalyse puisse nous révéler les origines d’un tel trouble et de son corollaire : une phobie irrépressible pour les escarpins. Lola , range ta chambre !!
Sur ce, ayant renoncé à la fluorescence capillaire, il lui faut trouver d’autres sources de lumière et la voilà à l’école du même nom
…Coîncidence ? voire …

Voilà que, non contente d’être le premier élément de sexe indiscutablement féminin admis dans cet antre de machistes, elle rencontre celui qui va bouleverser sa vie. Comme elle ne va nulle part avec le dos de la cuillère, elle se dégotte un « Richard », LE Richard. Non… Pas un Richard « riche », bande de « mal-pensants » mais un calme, un ténébreux, un tranquille, « qui va piano, va sano , va lentano » … oui, je sais, … mais je ne sais pas comment on dit en espagnol .

Devine-t’elle en lui le futur bidouilleur pacinesque siesteur ?
Perçoit-il déjà en elle la filofaxeuse confiturienne shootée aux parfums d’ambiance ?

En tous cas : ça s’embrassaille, se fiançaille et s’épousaille !

Après l’épreuve (première d’une longue série) d’un voyage de noces en vélo, Ricardo décide de calmer la donzelle : Paf, paf et repaf – Lola range ta chambre ! En trois coups de cuillères à pots, la voilà trois fois mère !

Point calmée du tout, voilà notre héroïne devenue wonder-woman :
toutes socquettes dehors, elle passe des biberons aux studios, des studios aux plateaux télés (non ! pas « plateaux devant la télé « , bande de feignasses !) et des plateaux aux fourneaux . C’est alors qu’elle découvre l’arme secrète des femmes à la tête d’une petite entreprise qui ne connaissent pas la crise, une arme qu’elle érigera en art, que dis-je, en vocation, que dis-je , en transcendance : l’ORGANISATION !

C’est la naissance d’une vocation messianique !
Soudain, ses yeux s’ouvrent et elle voit que ce monde est : mal géré, mal rangé (… LOLA !!), en foutoir, pour tout dire ! Elle va s’en occuper sur le champ et , peut importe pour QUI on travaille, si le travail est bien fait et pourvu qu’on soit ensemble – Qui m’aime, me suive … et les autres aussi Allez, c’est reparti :
chaque chose et chacun à sa place,
à chaque heure sa tâche,
à chaque tâche, son tâcheron
et des confitures pour tout le monde !
Les socquettes vont par deux et les chambres seront bien rangées
Un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras », les chats font pas des chiens – absolument – go, go, go – faites l’amour, pas la sieste !
On range, on dérange au besoin, mais on s’ORGANISE , on s’occupe, on gère, on planifie : cette année, Noel sera en décembre, le 25 si possible, maquillé, prêt à tourner le 24 !! qu’on se le dise !

Les enfants grandissent et le sac à dos devient une extension naturelle de la famille.

Puis, femme moderne avec enfants modernes, la technologie envahit la vie de Catherine, elle communique avec ses enfants (qui sont dans leur chambre respective) par ordinateur interposé :
- Manue, c’est quand ta sortie éclé ?
- Yap, oss’cours , mon Mac nique ta mère !!
- Lola, range ta …

Bref, ça baigne dans cette famille, sous les auspices du poulet à l’indienne et des œufs frits à l’huile, des ralllys, des randonnées, des chasses aux trésors, feux de camps dans la neige et autres « événements événementiels ».
Ca produit, ça bidouille, ça cavale à pied, à vélo, en voiture, en Corse, en Auvergne, en Espagne … Elle court, elle court la petite flamme !

Pour éviter toute tentation d’avachissement familial, Cat dégotte un canapé – enfin, un machin « faisant fonction de », dont l’inconfort n’a d’égal que la longévité et qui décourage même les experts en « glandouillage »

D’ailleurs, ce siège est, en fait, réservé à une étrange cérémonie dominicale, une sorte de rituel ésotérique et obscur : « l’Ecoute « 

Le grand Ecouteur – en l’occurrence, Catherine - se pose à la place préalablement désignée sur le sus-dit canapé par le Grand Prêtre – Richard - à savoir : Au centre – ou à gauche – ou à droite …

Puis, le silence est demandé . Les spectateurs malgré eux de cette cérémonie sont sommés de ne plus bouger un œil : on ne boit pas, on ne tourne pas les pages d’un livre, on respire à peine …

L’écoute peut commencer.
12 mesures du Requiem de Fauré – 12 fois par heure – 12 heures d’affilée … ponctuées de phrases sibyllines proférées par l’écouteur, à l’intention du Grand Prêtre qui, entre chaque stance, manipule de minuscules objets, sans doutes des talismans aux pouvoirs magiques, fragiles et sacrés à en juger par les précautions prises par le Grand Prêtre au cours des manipulations…

Cette transe conjugale, mainte fois répétée (qui lasse l’auditoire le plus enthousiaste et qui m’a, personnellement, dégouttée à jamais du fameux Requiem),
cette transe, donc, est-elle à l’origine de la rencontre miraculeuse de Catherine et de l’Esprit Saint ?
Serait-ce là les conséquences d’une overdose « d’incantations Fauréennes » ?
Ou bien, faut-il accuser un environnement sur-saturé de technologie ?
L’Esprit Saint serait-il attiré par les micros-ondes comme la Sainte Vierge semble attirée par le regroupement des moutons ?
Mystère, mystère …

En tous cas, depuis que Catherine fût visitée, elle n’a de cesse d’essayer de convertir ses proches à ses convictions :
il y a une raison cachée à chaque événement,
on a tous un rôle à jouer sur terre,
Dieu veille sur toi,
tu n’es pas là par hasard, c’est écrit, c’est écrit …
Foi, Espérance, Organisation
Les voies du Seigneur sont impénétrables
et tout à l’avenant …

Notre seul espoir, pour porter haut les couleurs de l’agnostisme et prévenir Catherine d’un fatal excès d’optimisme religieux , c’est Richard , qui, gageons le, a les moyens de lutter contre cet Esprit (malin ou divin – c’est selon les croyances de chacun)
Car, à malin, malin-et-demi, et Richard, en tous cas, a pour lui une chose que l’Autre n’a pas …
Allez, Richard ! GO, GO, GO et …
Arrêtez Fauré !!!

Alors, voilà, ma Catherine : t’es une emmerdeuse, tu veux le bonheur des gens à « l’insu de leur plein gré », t’es un dictateur de poche, une prosélyte infatigable, une péremptoire fatigante, oui, tu es tout ça mais, tu es, surtout, surtout,
une foule sentimentale à toi toute seule,
une formidable locomotive,
un rayon solaire aussi éblouissant aujourd’hui qu’à ta naissance, belle dedans, belle dehors
et aujourd’hui,
alors que ta maison est sens dessus dessous, et C’EST PAS LA FAUTE DE LOLA !,
ce soir où ,tous, nous espérons que tu es « à ramasser à la petite cuillère » !
nous t’aimons,
et nous te suivrons absolument
toi
cette magnifique énergie qui nous aide tous à avancer
Nous t’aimons
Et, moi, je te le dis
Frangine
Tu es vraiment un cadeau !!

CLAUDE CRAS ALEXIS - 14 JANVIER 2006

Commentaires

1. Le dimanche 6 août 2006, 13:28 par Caco Bonsey

oui, je suis d'accord, le spich de Claude est génial, émouvant, amusant... mais Cathou n'est pas mauvaise non plus dans ce domaine: un e-mail époustouflant de poésie!!!!!!

2. Le lundi 18 septembre 2006, 19:22 par Caco de Bonsey family

Coucou Cathou! ce n'est pas tout à fait au sujet de Claude que je te réponds, (même si c'est génial); c'est pour te donner ma nouvelle adresse: titcacs@free.fr