Lui, le Grand part II

c'est encore à améliorer, mais "l'art" est difficile

J'embarque dans le Santa Fé à Needles, 1h22 du matin, après une brève somnolence dans la voiture; rencoignée sur un fauteuil, je passe une nuit dans les limbes, parcourant l'Arizona supposé désert; fin de nuit où étrangement luit la neige glaçant les champs encadrés par les sapins sombres.matin blême, arrivée blême à Flafstaff; en remontant la piste d'un verre en carton à couvercle croisé dans une des rues de downtown Flagstaff (ne pas imaginer des gratte ciels; plutôt old town, ville pionnière le long du train et de la 66, que j'ai longée depuis le Mojave, depuis LA, depuis Santa Mo; un magasin "outdoor" à chaque coin de rue), je m'affale devant un café éternel et m'endors sur mes pancakes, jusqu'à l'arrivée de Paul. Evidemment mon portable fait encore des siennes, et je communique avc lui par textos; après achat d'un poncho aucazou, nous nous ré-affalons dans un bar: "moi fatigue, lui oubli"(*) (de son ID), point de bière, mais un café profond et noir comme la mare au diable. Difficile de ne point piquer du nez dans la navette qui nous mène au Grand Canyon; j'attrappe au passage des petites anecdotes racontées par le chauffeur, moqueur des touristes (la première blessure soignée par les urgences du GC: la morsure d'écureuil); il s'étonne aussi de la profusion de touristes cette saison 2005: sans doute parce que les Américains quittent moins le pays et que les étrangers, eux, viennent en foule ($?). Lorsqu'enfin nous approchons du Canyon, on distingue tout juste dans le lointain une ombre creuse. Grand Canyon Village: les flèches indiquant la direction de la "rim", du rebord, et les navettes, et la boutique, les petites maisons de bois... un petit air de Disneyland, de zoo; mais nous savons que nous allons pénétrer dans la cage, et nous savons que le Canyon n'a pas que les deux ou trois dimensions d'un décor, d'une attraction; nous allons bientôt en effeuiller les dimensions comme on compte les marches d'une Tour pour mieux la conquérir. En attendant, nos énormes sacs dans la navette, puis la "mini rando" dans les secteurs ignorés des plans touristiques du Grand Canyon Village pour trouver les résidendes des rangers, où vit l'ami Sean, nous séparent déjà d'une ivraie que Paul ne manque pas de trouver "hilarious" (il faut que je l'enregistre sur Mississipi** avant de partir). Chez Sean, accueil digne des lieux: à la fois ouvert, sympathique et un peu bourru (à l'image des ours); nous arrivons en fait avant qu'il ne revienne du boulot, mais dès son arrivée, nous partons à la chasse d'un point de chute pour le coucher du soleil, pour ma première rencontre avec le Géant, dans la lumière du soir... L'oeil prend un certain temps à comprendre le paysage qui se présente, à organiser reliefs et couleurs, longueurs, largeurs et profondeurs. A première vue, comme une blessure à la Terre; ce n'est que progressivement que le paysage acquiert une 3e dimension (et bientôt une 4e): la traînée rougeâtre ne se fait entaille béante qu'après distinction de différents plans, dès que l'oeil essaie de suivre le trait de la vallée, que dis-je le trait? le vide central? Evidence des plateaux charnus et poilus de pins verts; puis épines (pointes vers le ciel), rentrants (pointes vers les rives nord et sud), paliers rocheux, dont l'unité d'un relief déjà compliqué se dissout dans les couleurs qui se répondent d'un versant, d'un tournant à l'autre; on devrait pouvoir distinguer des vallées, creusées comme au couteau, mais l'oeil a du mal à suivre le cours de rivières invisibles (théoriquement, dernier étage, dernier palier de cet escalier alternant marches, murs, et pentes) tandis que les tons de couleurs dessinent une image insensée; bientôt les ombres croissantes atténuent l'illusion des couleurs tandis que les ombres aident à reconstituer le reliefs, brièvement, car le soleil s'empresse de disparaître derrière la matière, le plateau; les touristes courent vers les dernières navettes (les rangers ont quant à eux un permis spécial pour circuler en voiture sur toutes les pistes du plateau et de la rive).

La nuit tombée, nour rentrons; bientôt une chaîne passe les bière du frigo et de main en main, et on sort banjo et guitare, tandis que marine une recette de poulet à la bière (!) dans le four; c'est moi qui doit nommer le poulet, car apparemment la recette est cajun, donc de Louisiane donc "Française": bref, nous rotissons affectueusement Louis en profitant de la chaleur du foyer tandis que la température baisse: il neigera cette nuit-là (j'ai failli dormir sous la tente_ il faut préciser que je m'étais un peu imposée au dernier moment, sautant sur l'occasion lorsque Paul, à la soirée crèpes chez Elisa le soir des corrections d'exams, avait mentionné son projet de rando dans le Grand Canyon pour Spring Break, grâce à son ami ranger sur place).

Le lendemain, c'est le départ, après une série de formalités au Village: m'ajouter sur le permis qui nous autorise à camper deux nuits dans le fond du Canyon, faire le plein de provisions (parfaitement calibrées pour notre séjour: nous avons tout nettoyé avec une légère impression de pas assez) et d'eau. Après une dernière navette vers 11h nous basculons de l'autre côté du miroir.

(*)c'est une sorte de référence: laquelle? (envoyez vos réponse à eperez@clipper.ens.fr; 1er prix, un road movie pour quand mon permis sera qqchose de plus qu'une pochette surprise)


**MississipiRiver

Commentaires

1. Le dimanche 1 mai 2005, 15:17 par Yap

* "moi fatigue, elle envie, on file au dodo..."

2. Le dimanche 1 mai 2005, 17:58 par Manue
mais euuuuh pas de réponse sur internet, c plus drole de voir qui répond!!!
3. Le mercredi 4 mai 2005, 08:06 par MOM

Moi, j'ai trouvé-euhh, moi, j'ai trouvé !!!!!
et même , super vite, hein Manue ?
Même que j'ai gagné un super road movie ... à pied ...

4. Le mercredi 4 mai 2005, 09:28 par wam

YAP aussi en fait... mais j'ai sucré sa réponse, enfin son indice :) trop explicite

5. Le jeudi 5 mai 2005, 00:18 par Yap

Hey, depuis quand t'effaces mes commentaires toi, grognasse !